1 Français sur 3 aurait déjà souffert de burn-out
Aussi appelé syndrome d’épuisement professionnel, il gagne de plus en plus de terrain dans les entreprises. Responsable d’arrêts maladies et de perte de productivité auprès des collaborateurs, le burn-out, état d’épuisement physique et mental, est difficile à détecter et à soigner.
Pour rappel l’article 4121-1 du Code du travail, il est dit que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. ».
Vous ne permettez pas à vos ouvriers de travailler sans casque sur un chantier ? Pour la santé mentale : c’est pareil ! La responsabilité de l’employeur est engagée et justifie la prise en charge de la santé mentale des collaborateurs et la prévention des risques psycho-sociaux autant qu’il en est pour les enjeux de sécurité.
Le coût du stress au travail peut être évalué entre 830.000.000€ et 1.650.000.000€ par an, ce qui équivaut à 10 à 20% du budget des accidents du travail et maladies professionnelles de la Sécurité sociale. C’est pourquoi connaître les signes avant-coureurs du burn-out permet de l’identifier, mais agir en amont sur la prévention des RPS est d’autant plus bénéfique pour l’employeur et les salariés.
I. Le burn-out, quèsaco ?
1) Qu’est-ce que le burn-out ?
Selon le Larousse, le burn-out est défini comme “un syndrome d’épuisement professionnel caractérisé par une fatigue physique et psychique intense, générée par des sentiments d’impuissance et de désespoir”.
Le terme conceptualisé pour la première fois en 1975 par le psychiatre américain Freudenberger est un concept mouvant qui a eu de multiples définitions au fil des ans. Concrètement, le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental ressenti face à des situations dégradées au travail.
L’épuisement professionnel est un syndrome en 3 dimensions :
L’épuisement émotionnel : c’est la première manifestation du burn-out. Il s’agit d’une fatigue extrême due à une exposition continue à des facteurs de RPS très prégnants. Il y a également l’épuisement psychique et physique à prendre en compte dans cette dimension.
Le cynisme vis-à-vis du travail : l’attitude devient négative, dure et détachée vis-à-vis du travail et des personnes. Une barrière se construit entre l’individu, les autres et son travail.
La diminution de l’accomplissement personnel au travail : L’individu se dévalorise, se sent inefficace dans son travail et a l’impression de ne pas être à la hauteur.
2) Détecter le burn-out
Divers symptômes sont annonciateurs du burn-out comme l’humeur triste, la fatigue chronique, la diminution de la concentration, le repli sur soi et la perte de motivation. Des comportements addictifs peuvent également apparaître avec le tabac, l’alcool, la drogue ou la prise de tranquillisant. Le salarié se désengage progressivement de son travail.
Grâce à de nombreux travaux sur l’épuisement professionnel, il existe aujourd’hui des outils pour le détecter et le mesurer.
On parle notamment du Maslach Burnout Iventory (MBI) qui est le questionnaire le plus utilisé notamment par la médecine du travail en France et par des médecins et psychologues afin d’établir des diagnostics.
Ce questionnaire mesure 3 dimensions de l’épuisement professionnel : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l’accomplissement personnel.
Le questionnaire de Maslach Burnout Iventory peut effectivement aider au diagnostic du burn-out,s’il est complété par des observations vues, entendues et collectées au travail.
II. Des chiffres révélateurs
1) Constat alarmant
Les cas de burn-out sont en constante augmentation et la crise sanitaire a évidemment eu un impact négatif sur l’épuisement au travail. Un sondage d’Empreinte Humaine de mars 2022 constate qu’il y a 2,5 millions de salariés en état de burn-out, soit 34%.
Ces chiffres sont trois fois plus élevés qu’avant la pandémie.
Malheureusement, seulement 28% des salariés estiment que l’employeur est impliqué dans la prévention des risques psychosociaux. 75% estiment qu’il faudrait faire des bilans pour connaître l’état de bien-être des salariés.
Une détection précoce du développement du burn-out permet d’avoir une prise en charge rapide et est donc bénéfique pour l’employé et l’employeur. Il est donc du ressort de ces derniers de mettre en place des démarches pour détecter l’épuisement professionnel.
2) Burn-out, maladie professionnelle ?
Depuis 2015, le burn-out peut être reconnu comme maladie professionnelle par l’Assurance maladie, sous certaines conditions.
La pathologie doit être directement causée par le travail et elle doit entraîner une incapacité permanente partielle (IPP) égale ou supérieure à 25%.
III. Une démarche QVT pour contrer le burn-out
Comme on le sait, l’origine du burn-out vient principalement d’une situation de travail dégradée. L’employé manque d’autonomie et de marges de manœuvre, il a de mauvais rapports sociaux, fait face à des conflits de valeur et à des exigences trop élevées… Tout cela contribue à créer de l’insécurité dans sa situation de travail.
L’entreprise peut prévenir le burn-out en agissant sur les facteurs de RPS et en proposant des actions pour améliorer la qualité de vie au travail.
Qu’est-ce que l’entreprise peut mettre en place ?
Former et informer les salariés sur les sujets de la santé mentale et physique et de la sécurité au travail.
Veiller à la charge de travail de chacun en s’assurant de la prise de congé, en planifiant le travail à l’avance, en échangeant sur les objectifs avec les collaborateurs…
Faire confiance aux salariés en leur donnant plus de responsabilités et de marges de manœuvre.
Être reconnaissant envers ses collaborateurs en saluant leurs efforts et performances.
Faire participer les collaborateurs à la vision de l’entreprise : quand on sait le “pour quoi” de nos actions : le sens et l’utilité de notre participation à la raison d’être de l’entreprise aident le collaborateur à se situer dans la chaîne de valeur : cela le valorise, favorise l’estime de soi et renforce l’énergie positive.
Proposer des solutions d’accompagnement.
Mettre en œuvre l’ensemble de ces actions en amont, améliore la qualité de vie au travail, prévient et diminue le risque d’épuisement professionnel.